Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
/ / /
C'était le titre de ma dernière exposition à Plaisance...Titre qui appelle une explication...


Il s'agit ici de voyager, d'abord soi-même, puis de proposer une promenade imaginaire, comme par le biais d'une exposition. Cette plongée dans l'inconscient personnel ne peut que déboucher sur des horizons s'ouvrant sur l'inconscient collectif. Le local et le global jouent au chat et à la souris dans les couloirs labyrinthiques de nos âmes.

Pourquoi "moissons lunaires"? L'expression se décompose en deux aspects antithétiques. Les moissons appartiennent au monde de la Terre, des paysans, notion sacrée mais aussi bien "terre-à-terre". Les lunaisons appartiennent au monde des intellectuels, des astronomes, du "céleste". Entre ces deux attirances, vers le haut et le bas, un axe de réflexion se met en place. Mais les saisons ici-bas sont commandées par les cycles astronomiques. Rapprocher ces deux termes n'est donc qu'un "paradoxe apparent".

Concrètement, je classe et reclasse en permanence mes tableaux. Des catégories émergent: les marines, les fleurs, les portraits...Cependant tout tourne toujours autour des mêmes thèmes. Je ne cherche pas à faire du figuratif au sens réaliste, je restitue des émotions.

On peut souvent, dans un même tableau, retrouver plusieurs "influences":

Fréquemment, je représente des lunes et des églises, avec parfois la même église "symbolique", qui me rappelle les petites chapelles du Centre Bretagne et son atmosphère spirituelle.















J'aime aussi peindre des fleurs, symbole de l'exubérance de la Nature, traitée de façon mi-abstraite mi-figurative, avec des couleurs fortes, primaires et "primitives".


Des pans entiers de mes tableaux représentent le ciel, traité de façon abstraite, par des écoulements fixés très rapidement, mélange de couleurs, eau-de-javel, sel et métal...









Le travail au trait nécessite par contre plusieurs heures, comme pour ce portait, style BD, en noir et blanc.


En définitive, je cherche à concilier des techniques et des thématiques contraires, thèse-antithèse-synthèse...

Un des procédés que j'affectionne consiste à construire une composition avec non pas un seul  mais plusieurs centres d'intérêts dans le tableau. Ceci engendre une "confusion" de l'oeil, attiré par de multiples éléments à la fois. Donnons-lui le nom de "défocalisation"...

Au premier abord, je cherche à attirer l'oeil vers mes lunes au travers de couleurs primaires:

On s'imagine aisément sur une autre planète. Les lunes sont des symboles de mes états d'âme. Tour à tour chaude ou froide chacune illustre une pulsion, un sentiment primaire, une phase d'un cycle où les points de focalisation se démultiplient. Plus que dans l'espace de la feuille c'est donc dans le regard, dans la palette intérieure des émotions, qu'il faut chercher le sens des phases de ces lunes-là.

Ces moissons lunaires sont comme une récolte de couleurs, d'atmosphères, de souvenirs rapportés d'un long voyage à l'étranger. C'est un carnet de voyage intérieur. Le travail figuratif au trait en noir et blanc, et celui sur la couleur qui s'écoule de façon abstraite créent une défocalisation:

La défocalisation consiste simplement à déporter le regard "à côté", pour s'éloigner du point central vers la bordure, la frontière, entre trait et couleur, abstraction et figuratif, ordre et chaos. Ainsi peut-on libérer la pensée, pour se promener loin de la norme, dans l'indéterminisme, dans une forme d'équilibre instable.

Mais au coeur de cette décohérence je trace des thèmes récurrents, des motifs qui se correspondent: les églises sont des témoins, des sanctuaires de la spiritualité occidentale (dont je montre des ruines), alors que les lunes évoquent la spiritualité primitive, face aux forces matricielles (dont je ne montre que la phase pleine, sans quartier, sans croissant...). Cette dualité illustre la lutte perpétuelle entre Esprit et Nature. On y retrouve l'influence de ma région d'origine, la Bretagne, transfigurée.


Parfois, ces tableaux sont vraiment non-terrestres, "lunaires", comme on dit d'un paysage lunaire qu'il peut être sinistre ou accidenté, comme on dit d'une personne lunaire qu'elle s'abandonne à ses chimères. Mais, grâce au regard d'autrui, mon rêve s'enrichit, et se démultiplie, pour aller là où même moi je n'ai pas encore porté mes pinceaux. Que les lunes captent ou reflètent la lumière du regard des autres, pour m'en ramener une parcelle de rêve, et alors arrive le temps des moissons lunaires.

F.G.

Parmi les personnes présentes au vernissage, j'ai eu le plaisir de retrouver nombres de collègues "et néanmoins copains", dont Bernard qui a eu la gentillesse de prendre quelques photos que je vous livre ici:
photos-0073bis.JPG












































 






Partager cette page
Repost0